Le musÄe d╒Orsay abrite du 14 septembre au 3 janvier prochains une grande exposition sur les peintres Vincent Van Gogh et Jean-Franìois Millet. C╒est l╒occasion de dÄcouvrir la vie et l╒╧uvre de Van Gogh et de jouer ê observer ses tableaux.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
1. Sa vie : Vincent Van Gogh (1853-1890)
Vincent Van Gogh n╒a vÄcu que 37 ans. Une vie courte mais riche qui l╒a emmenÄ des Pays-Bas au sud de la France. ╦ toi de dÄcouvrir sa vie en cliquant sur les phrases.
Vincent Willem Van Gogh naöt le 30 mars 1853, aux Pays-Bas. Son pÅre est pasteur. Vincent aura cinq frÅres et s╧urs, dont ThÄodorus, que tout le monde appelle ThÄo. Toute sa vie ThÄo aidera Vincent, sera son ami, son confident.
Pasteur : prÉtre dans la religion protestante.
Vincent ne fait pas de longues Ätudes et ê 16 ans il entre comme vendeur chez un marchand de tableaux nommÄ Alphonse Goupil. Il va travailler d╒abord ê La Haye, en Hollande, puis ê Londres, en Angleterre et enfin ê Paris. Pendant ce temps-lê il lit ÄnormÄment de livres, visite beaucoup de musÄes, et dessine pour son plaisir.
En 1876, alors qu╒il a 23 ans, Vincent pense qu╒il doit tout abandonner pour devenir pasteur comme son pÅre. Il dÄcide de reprendre des Ätudes et s╒inscrit ê la facultÄ pour Ätudier les textes religieux, qu╒il connaöt dÄjê trÅs bien. Mais son caractÅre trÅs entier et son enthousiasme font un peu peur aux responsables de la facultÄ, qui finissent par le renvoyer.
Pasteur : prÉtre dans la religion protestante.
Son renvoi de la facultÄ ne dÄcourage pas Vincent, qui choisit alors d╒aller parler de l╒âvangile aux habitants d╒un grand bassin minier de la Belgique, dans la rÄgion du Borinage. Il vit pauvrement, partageant les conditions de vie trÅs difficiles des mineurs.
L╒âvangile : histoire de la vie et message de JÄsus Christ.
En 1880, Vincent dÄcide ê nouveau de changer de vie et, cette fois, de se consacrer totalement ê la peinture. Il n╒a jamais cessÄ de dessiner et de repenser aux ╧uvres qu╒il a admirÄes dans les musÄes. Il retourne aux Pays-Bas et reprÄsente les gens qu╒il voit autour de lui, surtout des paysans et des artisans.
Un de ses cousins, Anton Mauve, lui conseille de se mettre ê utiliser la couleur, car, jusqu╒alors, Vincent n╒a fait que des dessins. Il va quelque temps ê Anvers, en Belgique, pour suivre des cours avant de se dÄcider ê aller ê Paris. Il pourra y trouver de nouveaux professeurs, et voir son frÅre ThÄo qui travaille, comme Vincent ê ses dÄbuts, chez le marchand de tableaux Goupil.
Avant l╒arrivÄe de Vincent ê Paris, les deux frÅres se sont Äcrit sans cesse. Dans leurs lettres ils parlent de tout : de ce qu╒ils font, de ce qu╒ils pensent, de ce qu╒ils lisent, de l╒argent que ThÄo envoie ê Vincent pour lui permettre de vivre, et, surtout, de peinture.
En mars 1886, Vincent s╒installe ê Paris. Les deux annÄes que Vincent passe dans la capitale sont trÅs importantes. Il suit quelque temps les cours d╒un peintre alors trÅs connu, Fernand Cormon, mais, trÅs vite, il prÄfÅre travailler avec les jeunes artistes. Il se met ê utiliser des couleurs claires, comme les impressionnistes, et peint surtout des paysages et des portraits. Comme il n╒a pas assez d╒argent pour payer des modÅles, il fait le portrait de ses amis et se reprÄsente lui-mÉme, rÄalisant vingt-quatre autoportraits en deux ans !
Impressionnistes : peintres de la seconde moitiÄ du 19e siÅcle qui donnent beaucoup d╒importance ê la lumiÅre dans leurs ╧uvres.
En fÄvrier 1888, Vincent quitte Paris pour s╒installer ê Arles, dans le sud de la France. Il retrouve la nature, reprÄsente ê nouveau la vie paysanne, mais ses tableaux sont trÅs diffÄrents de ceux qu╒il peignait aux Pays-Bas. Le soleil Äclatant de la Provence le pousse ê utiliser des couleurs de plus en plus vives. Le jaune, particuliÅrement, envahit ses toiles.
Van Gogh souhaite que d╒autres peintres viennent le rejoindre ê Arles pour crÄer une sorte de communautÄ d╒artistes qui travailleraient ensemble. Il a choisi une maison, la maison jaune, qu╒il prÄpare pour recevoir ses amis. Paul Gauguin accepte l╒invitation mais ne reste que deux mois. Van Gogh a les nerfs malades et il fait souvent des crises. Un jour, il se coupe l╒oreille ! Gauguin, pas vraiment rassurÄ, s╒enfuit.
Paul Gauguin (1848-1903) : peintre franìais. Il aime voyager et cherche dans les autres comment retrouver l╒accord entre l╒homme et la Nature. Il aime les couleurs vives aux contours bien nets.
Van Gogh est hospitalisÄ ê Arles et ses voisins demandent ê la police de fermer sa maison jaune pour qu╒il ne puisse plus y revenir. Il entre alors, en mai 1889, ê l╒asile Saint-Paul-de-Mausole, prÅs de Saint-RÄmy-de-Provence. Il y dispose de deux chambres, dont l╒une lui sert d╒atelier, et a le droit de sortir pour peindre.
Entre deux crises, il reprÄsente les bëtiments et les couloirs de l╒asile, le parc qui l╒entoure. Il a emportÄ avec lui des gravures faites d╒aprÅs les ╧uvres des artistes qu╒il prÄfÅre. Il en fait des copies, en couleur bien s₧r. Au bout d╒un an, les mÄdecins lui donnent l╒autorisation de quitter l╒asile. Il part pour Paris le 17 mai 1890.
Vincent s╒arrÉte ê Paris, le temps de faire la connaissance de la femme de son frÅre ThÄo, Johanna, et de son neveu, qui se prÄnomme lui aussi Vincent. Il repart au bout de trois jours pour Auvers-sur-Oise, ê une cinquantaine de kilomÅtres. Il a choisi cet endroit, en accord avec son frÅre, pour y Étre soignÄ par un mÄdecin qui y vit, le docteur Gachet, ami de nombreux artistes et spÄcialiste des maladies nerveuses.
╦ Auvers-sur-Oise, Van Gogh peint plus d╒une ╧uvre par jour. Un soir, les aubergistes chez qui il loge s╒inquiÅtent de ne pas le voir au döner. Ils le trouvent dans sa chambre, gravement blessÄ.
L╒aprÅs-midi il s╒est tirÄ une balle dans la poitrine. Deux jours plus tard, il meurt dans les bras de ThÄo accouru ê son chevet.
Vincent est enterrÄ le 30 juillet 1890, au cimetiÅre d╒Auvers-sur-Oise. Peu de gens suivent son cercueil : son frÅre, bien s₧r, le docteur Gachet, un vieux marchand de tableaux qu╒il aimait bien, le pÅre Tanguy, et deux peintres venus de Paris. ╦ 37 ans, Van Gogh est mort en n╒ayant vendu au cours de sa vie qu╒un seul tableau... Mais il ne va pas tarder ê devenir une sorte de personnage de lÄgende.
Aujourd╒hui ses ╧uvres sont dans les plus grands musÄes. Un musÄe tout entier lui est mÉme consacrÄ ê Amsterdam, aux Pays-Bas. Quand un de ses tableaux est mis en vente, il bat des records de prix. Plusieurs films ont ÄtÄ tournÄs sur sa vie et les admirateurs sont nombreux ê venir se recueillir au cimetiÅre d╒Auvers-sur-Oise, sur sa tombe et celle de son frÅre, ThÄo, mort six mois aprÅs lui.
2. La chronologie de Van Gogh
30 mars 1853 : naissance de Vincent Van Gogh, au presbytÅre de Groot Zundert, aux Pays-Bas.
1er mai 1857 : naissance de son frÅre ThÄo.
1869 : Vincent est embauchÄ par le marchand de tableaux Alphonse Goupil, ê La Haye (Pays-Bas).
1873 : Vincent travaille chez Goupil, ê Londres (Grande-Bretagne).
1875 : Vincent travaille chez Goupil, ê Paris.
1876 : Vincent quitte Goupil.
1877 : Van Gogh commence des Ätudes de thÄologie (Ätude des textes religieux) ê la facultÄ d╒Amsterdam (Pays-Bas), il veut devenir pasteur comme son pÅre.
1878 : Vincent quitte la facultÄ et part prÉcher l╒âvangile (la vie et le message de JÄsus Christ) aux mineurs en Belgique.
1880 : Van Gogh dÄcide de se lancer dans la carriÅre artistique, dessine et peint aux Pays-Bas et en Belgique.
Mars 1886 : dÄpart pour Paris. Vincent retrouve son frÅre ThÄo et dÄcouvre la peinture des impressionnistes (peintres de la seconde moitiÄ du 19e siÅcle qui donnent beaucoup d╒importance ê la lumiÅre dans leurs ╧uvres).
FÄvrier 1888 : Van Gogh s╒installe ê Arles.
Octobre 1888 : Paul Gauguin vient le rejoindre (Paul Gauguin [1848-1903] : peintre franìais. Il aime voyager et cherche dans les autres civilisations comment retrouver l╒accord entre l╒homme et la Nature. Il aime les couleurs vives aux contours bien nets).
DÄcembre 1888 : au cours d╒une crise de folie, Van Gogh se coupe l╒oreille. Gauguin le quitte. Van Gogh entre ê l╒hÖpital ê Arles.
Mai 1889 : Vincent est internÄ ê l╒asile de Saint-Paul-de-Mausole, prÅs de Saint-RÄmy-de-Provence. Entre les crises, il continue ê peindre.
17 mai 1890 : Van Gogh quitte l╒asile et part pour Paris.
20 mai 1890 : installation ê Auvers-sur-Oise. Van Gogh peint au moins une toile par jour.
27 juillet 1890 : Vincent se tire une balle de revolver dans la poitrine.
29 juillet : mort de Vincent, il est enterrÄ le lendemain.
25 janvier 1891 : mort du frÅre de Vincent, ThÄo.
3. Le jeu du faussaire
Observe bien ces 4 tableaux en cliquant dessus avec ta souris. Une fois que tu as bien mÄmorisÄ tous les dÄtails, joue au jeu du faussaire.
Le printemps (1868-73), par Jean-Franìois Millet.
L╒hiver aux corbeaux ou La charrue et la herse (1890), par Vincent Van Gogh.
Paysage avec un laboureur (1889), par Vincent Van Gogh.
Champ de blÄ avec gerbes (1888),par Vincent Van Gogh.
Trois ÄlÄments ont ÄtÄ rajoutÄs ê ce grand tableau. Lorsque tu en as dÄcouvert un, clique dessus, puis fais-le glisser sur le petit tableau dont il est extrait.
Non, cet ÄlÄment appartient bien au tableau.
Eh non !
Non, cherche encore.
Ah non.
RatÄ, observe mieux.
Bravo, tu as trouvÄ les trois ÄlÄments . Tu peux continuer ê jouer avec d╒autres tableaux.
4. La galerie
Vincent Van Gogh a peint plus de 1 300 toiles au cours de sa vie. En voici 14 qui vont Étre exposÄes au musÄe d╒Orsay du 14 septembre au 3 janvier. DÄcouvre-les en cliquant dessus.
La nuit ÄtoilÄe (1888-1889)
Les Ätoiles Äclairent avec intensitÄ cette nuit sur le RhÖne, prÅs du port fluvial d╒Arles, o¥ Van Gogh a vÄcu. Le peintre s╒est passionnÄ pour ce sujet : la nuit lui semble ╟ encore plus richement colorÄe que le jour, colorÄe des violets, des bleus et des verts les plus intenses ╚. La ville ÄclairÄe au gaz se reflÅte dans le fleuve bleu. Les Ätoiles ╨ la constellation de la Grande Ourse est trÅs reconnaissable ╨ scintillent en vert et en jaune dans un ciel bleu sombre. Un couple, courbÄ et d╒apparence fragile, semble se hëter de rentrer. L╒atmosphÅre d╒ensemble demeure toutefois paisible, silencieuse et sereine.
Deux hommes bÉchant au pied des arbres (1889)
Ce tableau reprÄsente deux hommes en train de bÉcher afin d╒arracher une souche d╒arbre. Nous sommes sur un versant de colline, en Provence : les Alpilles bleutÄes sont visibles ê l╒arriÅre-plan. Les pins, ÄlancÄs, massifs, contrastent avec les deux personnages courbÄs et peinant, presque ÄcrasÄs par les arbres qui les surplombent. Ils penchent dans le mÉme sens qu╒eux. Les deux travailleurs, en bleu de travail et en sabots, parviendront ê dominer la nature, mais une Ämouvante impression subsiste de cet affrontement. Les oiseaux noirs, corbeaux ou corneilles, qui survolent le champ apparaissent frÄquemment dans les paysages de Van Gogh.
Alpilles : petites montagnes situÄes en Provence.
Champ de blÄ avec gerbes (1888)
Le blÄ, moissonnÄ ê la main, est liÄ en gerbes. Ce tableau met en Ävidence la promesse d╒une belle moisson, devant un champ de blÄ bien fourni.
Le relief, absolument plat, est celui de la plaine de la Crau, prÅs de la ville d╒Arles : il facilite la reprÄsentation du paysage en bandes horizontales. Cette importance accordÄe au dessin, aux lignes qui organisent le tableau, contribue ê lui donner un aspect un peu oriental, comme dans les estampes japonaises, admirÄes par l╒artiste. Seuls deux arbres au loin rÄpondent au caractÅre vertical des gerbes.
Estampes : images imprimÄes avec une planche gravÄe.
Semeur (1888)
Le thÅme du semeur est prÄsent dans l╒╧uvre de Van Gogh depuis ses dÄbuts. Ce dessin ê l╒encre, sur papier, s╒inspire d╒un tableau du peintre Millet. Son sujet dÄpasse de loin la reprÄsentation d╒un moment particulier du travail rural, en automne, aprÅs les labours, lorsque le paysan ensemence son champ. Le semeur est un personnage souvent utilisÄ pour illustrer l╒espÄrance d╒une vie meilleure grëce ê un travail patient. Ce symbole est aussi utilisÄ, mais au fÄminin. On retrouve ainsi la Semeuse sur les piÅces de 50 centimes, 1 franc et 5 francs, et autrefois sur les timbres-poste.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
Champ de blÄ avec meules (1888)
L╒intensitÄ des couleurs frappe dans ce tableau. Le jaune d╒or des blÄs domine, sous un ciel qui semble en passe de devenir orageux, avec ê l╒horizon la mince bande bleue formÄe par les Alpilles. Un paysan solitaire moissonne ê la faucille, la tÉte protÄgÄe du soleil par un large chapeau. En principe, dans la rÄalitÄ, il ne devrait pas Étre seul. Et il est assez probable qu╒il prÄfÄrerait utiliser une faux pour moissonner plus vite. Mais Van Gogh a voulu reprÄsenter le travailleur modeste qui parvient ê obtenir des rÄsultats impressionnants. Les meules, symbole de prospÄritÄ, recouvertes d╒un toit de chaume, s╒accumulent autour du moissonneur.
Alpilles : petites montagnes situÄes en Provence.
Paysanne glanant (1885)
Dans les champs, lorsque les moissonneurs ont fini de rassembler les gerbes, il reste quelques Äpis qui sont tombÄs. ╦ l╒Äpoque de Van Gogh, les paysans les plus pauvres ont le droit de venir, avant le coucher du soleil, rÄcupÄrer ces Äpis. Parfois, ces Äpis sont restÄs au bout de la tige, et, en les rassemblant, on obtient une sorte de petit bouquet, comme celui que la femme vo₧tÄe tient dans la main gauche. C╒est ce qu╒on appelle une glane. Van Gogh dessine la paysanne en plein travail, un travail que l╒on devine pÄnible car elle doit rester courbÄe pour ramasser un ê un chaque petit brin.
TÉte de paysanne (1885)
Van Gogh a beaucoup d╒admiration pour le travail des paysans. En 1885, il retourne vivre auprÅs de ses parents, ê la campagne, et il fait beaucoup de portraits des gens du voisinage. Les femmes portent souvent, comme celle-ci, une coiffe blanche qui recouvre leurs cheveux. Van Gogh les montre sans chercher ê les embellir. Sur le visage de la paysanne qui a posÄ pour ce portrait, on voit les marques de la fatigue et les rides qui sont dues ê l╒ëge et au travail en plein air. On dirait qu╒elle n╒a mÉme plus la force de regarder le peintre.
LՎglise protestante de Nuenen (1884)
Sans doute un peu pour faire plaisir ê ses parents, Van Gogh peint plusieurs fois l╒Äglise de Nuenen, le village o¥ son pÅre est pasteur, aux Pays Bas. Il choisit pour ce tableau le moment o¥ les gens sortent de l╒Äglise, aprÅs l╒office. Comme il s╒est installÄ assez loin, on ne peut reconnaötre les personnages, dont on distingue seulement les silhouettes sombres, juste ÄclairÄes par une tache pour le visage ou la coiffe. Six ans plus tard, peu de temps avant de mourir, Vincent va peindre une autre Äglise, catholique cette fois, celle d╒Auvers-sur-Oise en rÄgion parisienne. Mais il choisira alors des couleurs Äclatantes, bleu, vert, orange, jaune.
Pasteur : prÉtre dans la religion protestante.
Moissonneur ê la faucille (1889)
Ce tableau s╒inspire Ägalement d╒une ╧uvre du peintre Millet. Van Gogh a pu voir des paysans moissonner comme celui-ci avec une faucille. Le geste Ätait le mÉme depuis les premiers temps de la culture des cÄrÄales. Mais ê la fin du XIXe siÅcle, il se faisait trÅs rare : la large faux avait remplacÄ la faucille en Europe dÅs le XVIIIe siÅcle, et les moissonneuses mÄcaniques Ätaient dÄjê frÄquemment utilisÄes sur les grandes exploitations. Encore une fois, c╒est le symbole du dur travail paysan qui intÄresse Van Gogh. La faucille continuera d╒ailleurs longtemps au XXe siÅcle ê reprÄsenter le monde paysan.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
La broyeuse de lin (1889)
La femme qu╒on voit de dos est en train de prÄparer les tiges de lin qui serviront ê la fabrication d╒Ätoffes. C╒est une pratique qui n╒existe plus aujourd╒hui. Les tiges, arrachÄes ê la main, sont rÄunies en petites bottes qu╒on fait sÄcher. Puis, pour les dÄbarrasser de leurs graines, elles sont battues ê l╒aide d╒une batte, comme celles qu╒utilisent ê cette Äpoque les femmes pour faire la lessive. Cette ╧uvre met en Ävidence l╒admiration de Van Gogh pour le peintre Millet, qui avait reprÄsentÄ le mÉme motif, et son intÄrÉt pour toutes les formes du travail liÄ au monde des campagnes.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
L╒hiver aux corbeaux ou La charrue et la herse (1890)
InspirÄ d╒un tableau du peintre Millet, ce paysage d╒hiver est peint par Van Gogh en janvier 1890 lorsqu╒il sÄjourne ê l╒hospice de Saint-RÄmy-de-Provence, dans le sud de la France.
La nature est en apparence dÄsolÄe et stÄrile, mais les corbeaux y trouvent nÄanmoins leur pitance. De plus, la charrue comme la herse rappellent qu╒il s╒agit ici d╒une campagne cultivÄe. Le sol a ÄtÄ labourÄ, puis les semences enfouies grëce ê la herse qui brise les mottes de terre et aplanit le sol. Le printemps qui va venir apportera donc ses rÄcoltes. Il est d╒ailleurs annoncÄ par le soleil levant qui Äclaire l╒horizon. L╒aurore est traditionnellement symbole de renouveau.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
Les premiers pas (1890)
Van Gogh reprÄsente rarement des scÅnes familiales telles que celle-ci. Une nouvelle fois il s╒inspire du peintre Millet, mais on peut penser que l╒attente de la naissance d╒un bÄbÄ au foyer de son frÅre a favorisÄ son intÄrÉt pour ce sujet. Dans une lettre qu╒il Äcrit ê sa s╧ur, Van Gogh utilise une formule qui donne un sens symbolique ê ce tableau : ╟ On ne peut pas revenir sur ses pas. ╚ Van Gogh utilise des couleurs trÅs tendres qui donnent une impression de calme, favorable ê l╒Äpanouissement d╒un jeune enfant. Peu aprÅs la naissance de son neveu, le petit Vincent, il lui offrira un tableau peint spÄcialement pour lui, reprÄsentant des branches d╒amandier en fleur.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
Paysage avec un laboureur (1889)
Ce tableau reprÄsente un paysan labourant son champ, dans un paysage de collines, avec ê l╒arriÅre-plan un moulin provenìal semblable ê ceux dÄcrits par l╒Äcrivain Alphonse Daudet. Il ne s╒agit pas d╒une charrue, mais d╒un araire qui ne creuse pas trop profondÄment le sol : cette mÄthode est davantage indiquÄe pour le sol pauvre, mince et caillouteux des versants mÄditerranÄens.
Le sillon ainsi creusÄ organise le tableau en bandes colorÄes, ondulantes, qui accompagnent le mouvement du laboureur. Champ et ciel sont comme sillonnÄs par la brosse de Van Gogh qui travaille la pëte de peinture comme le laboureur sa terre.
Champ de blÄ avec moissonneur (1889)
De mai 1889 ê mai 1890, aprÅs une crise de folie, Van Gogh est soignÄ ê l╒hospice Saint-Paul ê Saint-RÄmy-de-Provence. L╒hospice, clos par de longs murs, est prÄsent sur ce tableau reprÄsentant un moissonneur portant une gerbe dans son champ. Le blÄ occupe la plaine. Les vergers et les oliviers se trouvent sur les premiÅres pentes, avant le domaine des broussailles et des bois. Les montagnes et le ciel sont aussi foncÄs que le premier plan, ce qui renforce l╒impression du spectateur d╒Étre face ê une muraille et le sentiment d╒enfermement, proche de celui que devait ressentir Van Gogh dans son hospice.
5. Un tableau ê la loupe
La sieste
de Vincent Van Gogh
(dÄcembre 1889-janvier 1890)
ExposÄ au musÄe d╒Orsay (Paris)
DÄcouvre en cliquant sur les gouttes de peintures tous les dÄtails de ce tableau de Van Gogh intitulÄ ╟ La sieste ╚.
Pour connaötre son histoire, clique sur le titre.
L╒histoire du tableau
Van Gogh a peint ce tableau alors qu╒il est enfermÄ ê l╒hospice Saint-Paul-de-Mausole ê Saint-RÄmy-de-Provence, dans le sud de la France. Le peintre n╒a pas beaucoup de personnes ê sa disposition pour lui servir de modÅles. C╒est pourquoi, il copie des gravures qu╒il collectionne depuis longtemps. La copie est pour lui un exercice tout ê fait passionnant. Elle lui permet d╒exercer ses talents de coloriste. Ce tableau a donc ÄtÄ rÄalisÄ d╒aprÅs une gravure de Millet, un peintre qu╒il aime particuliÅrement, intitulÄe ╟ La mÄridienne ╚. En comparant les deux ╧uvres, tu t╒aperìois que Van Gogh a inversÄ la composition du dessin original.
Coloriste : peintre s╒exprimant surtout par les couleurs.
Jean-Franìois Millet (1814-1875) : peintre le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒âcole de Barbizon, un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne.
La sieste
de Vincent Van Gogh
(1889-1890)
La mÄridienne
de Jean-Franìois Millet
(1866)
Jaune
Le jaune est la couleur la plus caractÄristique de l╒╧uvre de Van Gogh. C╒est ê partir de son sÄjour ê Arles, dans le sud de la France, qu╒il pousse cette couleur ê une incandescence qu╒il appelle ╟ la haute note jaune ╚. Ici, le jaune exprime la chaleur Äcrasante du milieu de la journÄe.
Incandescence : Ätat d╒un objet qui est rendu lumineux par une chaleur intense.
Bleu
Van Gogh possÅde un trÅs grand talent pour la couleur, acquis en Ätudiant les ╧uvres du peintre EugÅne Delacroix et des impressionnistes. Il use trÅs souvent des couleurs primaires. Le jaune, le bleu, le rouge s╒opposent violemment et font claquer ses tableaux. Ici, le bleu du ciel d╒ÄtÄ, repris dans les vÉtements des deux moissonneurs, fait vibrer le jaune des blÄs.
EugÅne Delacroix (1798-1863) : peintre franìais qui a ÄtÄ un des premiers en France ê donner du mouvement ê ses peintures par un travail des couleurs.
Impressionnistes : peintres de la seconde moitiÄ du 19e siÅcle qui donnent beaucoup d╒importance ê la lumiÅre dans leurs ╧uvres.
Touche
La touche, c╒est la maniÅre de poser les couleurs sur la toile. Celle de Vincent imprime sur ses tableaux sa marque personnelle et profonde. Elle est toujours trÅs gÄnÄreuse, trÅs visible et trÅs expressive. Le plus souvent elle suit fidÅlement les formes des motifs qu╒il dessine. Ce qui leur donne une grande force et une grande prÄsence.
Dessin
Van Gogh dessine beaucoup, contrairement aux impressionnistes qui ont privilÄgiÄ les vibrations changeantes de la lumiÅre et ont fait disparaötre le dessin de leurs tableaux. Il n╒hÄsite pas ê insister sur les lignes de ses tableaux, cernant d╒un trait noir les figures et les objets. Il suit en cela l╒exemple du peintre et ami Paul Gauguin.
Impressionnistes : peintres de la seconde moitiÄ du 19e siÅcle qui donnent beaucoup d╒importance ê la lumiÅre dans leurs ╧uvres.
Paul Gauguin (1848-1903) : peintre franìais. Il aime voyager et cherche dans les autres civilisations comment retrouver l╒accord entre l╒homme et la Nature. Il aime les couleurs vives aux contours bien nets.
Faucille
La faucille est un outil qui sert ê couper l╒herbe ou le blÄ. ╦ l╒Äpoque de Millet et de Van Gogh, elle est le plus souvent remplacÄe par la faux, voire la moissonneuse, dans les grandes plaines du bassin parisien. Millet reprÄsente des faucilles par nostalgie d╒une campagne plus ancienne. C╒est aussi cet outil que Van Gogh met entre les mains de ses moisonneurs courbÄs dans leur champ de blÄ.
Sabots
Van Gogh a ÄtÄ frappÄ par le fait que Jean-Franìois Millet portait des sabots. Il fait sienne une phrase de ce peintre qu╒il admirait beaucoup : ╟ Puisque j╒y vais en sabots, je m╒en tirerai. ╚ Cela signifie qu╒il faut vivre modestement et laborieusement auprÅs des paysans plutÖt que d╒essayer de courir aprÅs une fausse gloire.
Millet
Cette composition est copiÄe d╒aprÅs une gravure d╒un dessin de Millet qui a ÄtÄ publiÄe dans le magazine ╟ L╒Illustration ╚ en 1873. Pour Van Gogh la vie et l╒╧uvre de Millet sont des exemples. Il admire le sentiment rustique des ╧uvres de Millet, leur fidÄlitÄ ê la nature, la grandeur de leurs figures.
Rustique : qui Ävoque le style traditionnel de la campagne.
Heure
Il est midi. Le tableau Ävoque le sommeil lourd des moissonneurs harassÄs par le travail de la matinÄe. Grëce ê l╒intensitÄ de ses couleurs, Van Gogh exprime la particularitÄ de cette heure dominÄe par le soleil au sommet de sa course.
╟ Deux ╚
Van Gogh a toujours ÄtÄ un grand solitaire. Souffrant d╒une solitude que personne ne vient rompre, sauf son frÅre ThÄo, le peintre multiplie les paires dans ses tableaux. Ici, il insiste sur les doubles : deux personnages, deux sabots, deux faucilles.
Meules
La meule constitue un motif trÅs souvent reproduit dans la peinture. Elle symbolise l╒ÄtÄ, la richesse de la moisson, la beautÄ des campagnes. Millet a peint des meules, Van Gogh aussi. Le peintre Claude Monet a dÄveloppÄ ce thÅme dans une sÄrie de tableaux trÅs cÄlÅbres qui captent tous les changements des saisons.
Claude Monet (1840-1926) : le plus cÄlÅbre des peintres impressionnistes. Il cherche ê saisir le jeu de la lumiÅre, du soleil, du vent et de l╒eau dans les paysages qui l╒entourent : la rÄgion parisienne et la Normandie.
Paysans
Depuis ses dÄbuts dans la campagne hollandaise, Van Gogh s╒intÄresse aux paysans dont il s╒attache ê reprÄsenter les gestes quotidiens. Le peintre craint la ville et dit : ╟ Pour moi l╒homme civilisÄ, c╒est le simple paysan. ╚ Ne parvenant pas ê se lier avec eux, Van Gogh s╒inspire du peintre Millet qui a consacrÄ son ╧uvre ê cÄl_brer la noblesse de leur vie.
Ciel
Le ciel d╒un bleu intense est exceptionnel dans l╒╧uvre de Van Gogh. GÄnÄralement, le peintre s╒attache ê peindre le tourbillon des nuages, la vibration du soleil, le scintillement des Ätoiles. Ici il a prÄfÄrÄ un ciel plus simple et plus pur.
6. Exposition Millet/Van Gogh
du 14 septembre 1998 au 3 janvier 1999 au musÄe d╒Orsay (Paris)
Regarde bien ces paires de tableaux, ils ont des ressemblances. Pourtant ils ont ÄtÄ peints par deux artistes diffÄrents : Jean-Franìois Millet ê gauche et Vincent Van Gogh ê droite. C╒est le thÅme de l╒exposition qui se tient du 14 septembre 1998 au 3 janvier 1999
Quand Van Gogh commence ê peindre, il choisit Millet pour ╟ pÅre spirituel ╚. Il admire autant l╒╧uvre de cet artiste que sa vie humble qu╒il juge exemplaire. Toute sa vie, il s╒inspire des tableaux de Millet. Il collectionne des gravures d╒aprÅs ses ╧uvres et aime ê les copier, travaillant notamment sur les couleurs. L╒exposition ╟ Millet/Van Gogh ╚ a pour but de montrer et d╒analyser les rapports privilÄgiÄs entre les ╧uvres des deux artistes.
Tu pourras aller contempler les tableaux de Van Gogh et de Millet du 14 septembre au 3 janvier prochains au musÄe d╒Orsay ê Paris.
L╒Äglise de GrÄville (1871-74), de Jean-Franìois Millet
LՎglise protestante de Nuenen (1884), de Vincent Van Gogh
Des glaneuses (salon 1857), de Jean-Franìois Millet
Paysanne glanant (1885), de Vincent Van Gogh
La mÄridienne (1866), de Jean-Franìois Millet
La sieste (1889-90), de Vincent Van Gogh
Jean-Franìois Millet (1814-1875)
Jean-Franìois Millet est l╒artiste le plus cÄlÅbre de ce qu╒on appelle l╒Äcole de Barbizon. Barbizon est un village situÄ prÅs de la forÉt de Fontainebleau o¥ se sont installÄs, dans les annÄes 1840-1850, des peintres qui s╒intÄressaient au paysage et aux scÅnes de la vie ê la campagne. Regarde quelques-uns de ses tableaux.
L╒exposition Millet/Van Gogh. En savoir plus╔
Le musÄe d╒Orsay prÄsente l╒exposition ╟ Millet/Van Gogh ╚ du 14 septembre 1998 au 3 janvier 1999. Le visiteur peut en profiter pour dÄcouvrir les collections permanentes de ce musÄe installÄ dans une ancienne gare. Il s╒agit de peintures, sculptures, objets d╒art, maquettes d╒architecture de la deuxiÅme moitiÄ du XIXe siÅcle.
Des activitÄs sont proposÄes aux jeunes et aux familles : visites, cinÄma ou concerts.
- entrÄe : 1, rue de Bellechasse, 75007 Paris
- tÄlÄphone : 01 40 49 48 14
- Minitel : 36 15 ORSAY (1,29 F la minute)
- Internet : http://www.musee-orsay.fr
- ouvert tous les jours sauf le lundi : du mardi au vendredi de 10 h ê 18 h, le jeudi de 10 h ê 21 h 45, le dimanche de 9 h ê 18 h
- droit d╒entrÄe : 40 F (musÄe + exposition), 30 F le dimanche
